18 octobre 2018 : Mourir pour des idées, d’accord, mais de mort lente… (Georges Brassens)

Colloque : Comprendre le processus de radicalisation : sensibilisation et prévention organisé le 18 octobre 2018 par Migrations santé à la Cité des Sciences

Intervention de Stéphane Tessier Télécharger le texte avec illustrations

Mourir pour des idées, d’accord, mais de mort lente… (Georges Brassens)

La question de la radicalisation n’est ni nouvelle, ni en elle-même inquiétante, mais elle se pose de façon spécifique lorsqu’elle s’exprime avec violence.

« Car, à forcer l’allure

Il arrive qu’on meure

Pour des idées n’ayant plus cours le lendemain »

Radicaliser, tout comme le fondamentalisme, tirent leurs étymologies des racines, des fondations. Est radicalisée ou fondamentaliste une personne qui s’en tient aux éléments fondateurs, racinaires d’une idéologie et refuse d’en percevoir et accepter les évolutions ou les interférences avec d’autres idéologies. Les historiens, les exégètes peuvent facilement être radicaux ou fondamentaux sans que leur analyse savante trouble de quelque façon que ce soit la société.

Ce qui nous interpelle aujourd’hui est plutôt comment une conception fanatique d’une idéologie quelconque peut déboucher sur des actes de violence.

Depuis la nuit des temps on connait des fanatiques illuminés convaincus d’être investis d’une mission, souvent à la lisière de la pathologie mentale. Cet engagement messianique peut tirer ses sources d’une croyance transcendantale, quelle qu’elle soit en suivant les multiples formes d’expressions dogmatiques disponibles, depuis les religions officielles jusqu’aux Raëliens qui attendent les extraterrestres en passant par certaines militances politiques, voire technologiques.

Quelques exemples en images, le spiritisme à Belo Horizonte, au Brésil, pur ou associé à l’allopathie, le Mandarom autorisé mais dont la statue a dû être déboulonnée pour des raisons de respect du paysage, parmi de multiples autres.

Aujourd’hui émergent de nouvelles  formes idéologiques : le véganisme,  le transhumanisme[1], voire le néo libéralisme offrent parfois des sources de fanatismes très efficaces bien que souvent (il faut sans doute l’espérer pour certaines) éphémères.

C’est pourquoi je parlerai plutôt de « fanatismes dogmatiques », à la suite de la pensée de Pierre Legendre[2], terme qui traduit bien un rapport individuel à une idéologie considérée comme dogmatique et pouvant cousiner avec les totalitarismes.

Tous ces fanatismes partagent l’association d’un amour sans mesure de sa propre cause et la haine de ceux qui ne la partagent pas. De fait, l’organisation psychique dogmatique tire sa légitimité d’une vision transcendantale de sa cause, et de la ferme croyance que cette vision dépasse la banalité immanente du réel humain, justifiant donc toutes les haines et les accusations à l’égard de celles et ceux qui ne lui confèrent pas cette même valeur transcendantale. Voire qui, ô insulte majeure, ne voient dans cette vision qu’un doux (ou moins doux) délire.

La société française sait gérer ces formes de fanatismes, en les autorisant (c’est même le principe fondateur de la laïcité) pour pouvoir mieux les encadrer. La Miviludes[3] est très attentive à ce que ces fanatismes ne mettent pas en danger les libertés de leurs adhérents, ne soient pas des sources d’escroquerie, si faciles à organiser parmi des personnes psychiquement vulnérables. La Police et la Justice s’assurent de leur côté qu’elles ne troublent pas l’ordre public.

C’est d’ailleurs cet argument parmi d’autres que Khosrokhavar utilise en appui de sa thèse sur le rôle « protecteur » des fondamentalismes à l’égard du recours à la violence. Il décrit « la motivation des jeunes à la recherche d’un encadrement face à leur sentiment d’anomie. Un cadre coercitif se substitue à l’identité en crise.[4] »

Il convient de se pencher sur les mécanismes anthropologiques à l’œuvre dans ces fanatismes. On part d’une déshumanisation de l’Autre, une réification de cet Autre envisagé comme une chose privée de l’accès à la transcendance que l’on vénère. Cette exclusivité de l’accès à la transcendance va provoquer le rejet de l’Autre présumé en être démuni, s’auto-justifiant ainsi et créant des appartenances inquestionnables et rassurantes (Khosrokhavar parle d’une « néo-umma maternelle »). Or, la transcendance est ce qui donne droit de vie et de mort sur l’Autre qui n’y a pas accès (le mécréant, l’hérétique, le dissident…). La violence puise ainsi une légitimité qui dépasse la responsabilité immanente de son acteur. « Au nom de… » va s’instituer le cercle infernal reliant identité, transcendance exclusive, rejet de l’Autre et violence.

« Les Saint Jean bouche d’or

Qui prêchent le martyre Le plus souvent d’ailleurs,

s’attardent ici-bas »

Face à ces fanatismes pathologiques individuels, il convient  de mettre en regard les fanatismes dogmatiques officiels institués au fil des siècles qui les ont mobilisés. Ainsi, toutes les structures en ismes qui accouchèrent des régimes totalitaires du XX° siècle, plus ou moins personnalisés (Pol Pot, Staline, Hitler) dont certains se perpétuent aujourd’hui.  Ces formes de fanatismes parfois exubérantes (comme en Corée du  Nord) et leur violence institutionnalisée se rapprochent des mécanismes psychiques décrits plus tôt dans ce colloque.

On peut craindre aussi que d’autres ismes, moins visibles (transhumanisme, néolibéralisme) ne se structurent progressivement en institutions sous la pression de la Silicon Valley et de ses milliardaires en quête d’éternité. Quand on est capable de mobiliser des ressources communes (oxygène, par exemple) pour lancer une voiture vers Mars pour sa propre publicité, que peut-on espérer comme limitations éthiques à l’égard d’une quête frénétique pour l’immortalité ? Au passage, ce caprice a raté sa mise en orbite autour de Mars et, malgré le black-out de la société Space X sur sa trajectoire actuelle, les calculs montrent que nous avons un nouveau satellite géocroiseur éloigné c’est-à-dire une saleté qui risque de retomber sur la Terre dans un ou deux siècles.

« Encore s’il suffisait
De quelques hécatombes
Pour qu’enfin tout changeât, qu’enfin tout s’arrangeât
Depuis tant de « grands soirs » que tant de têtes tombent
Au paradis sur terre, on y serait déjà »

La question de la violence qu’elle soit auto ou hétéro infligée change la donne car elle rend ces modes classiques de canalisation sociale totalement inopérants.

Les mécanismes psychologiques des passages à l’acte durant l’adolescence, décrits par ailleurs[5], sont convaincants, mais ils éclairent de façon incomplète ce glissement d’un fanatisme dogmatique vers la violence.

En particulier, mais pas seulement, il existe aujourd’hui un contexte historique, politique et médiatique qui favorise certains modes d’expression fanatiques en organisant leur spectacularisation. C’est-à-dire en se donnant à voir, se regarder soi-même, ce que les nouveaux outils de communication favorisent à outrance. Alors que l’anarchiste du XIX° siècle pouvait au mieux faire la une de la presse quotidienne en lâchant sa bombe, touchant ainsi quelques centaines de milliers de personnes, le plus petit terroriste du XXI° siècle bouscule instantanément plusieurs centaines de millions d’individus, sans parler des impacts mondiaux des attentats plus structurés.

Quelle gloire démesurée ! Et quelle vengeance aussi contre les humiliations répétées, réelles ou imaginées, pour peu qu’on ait une structure psychique un peu paranoïde.

Le « je ne suis pas Charlie » qui a été parfois vécu comme une offense, voire un sacrilège, dans certains établissements scolaires, démontre qu’il est essentiel de construire un discours un peu plus complexe que la simple condamnation bêlante du terrorisme.

La mise en spectacle de son martyr n’est pas nouvelle non plus. Elle fut valorisée dans de très nombreuses structures religieuses ou d’autres dogmatismes, l’archétype en est le kamikaze japonais, et l’est toujours dans l’idéologie militaire. La guerre des héroïsmes n’est pas forcément une bonne chose. Celle des ascétismes non plus.

De fait, dès lors qu’il y a un front entre le « pur » et l’« impur »le choc des transcendances n’aboutit jamais à la paix immanente.

Si l’esprit libre des Lumières ne s’accommode pas de ces folies, il convient aussi de lever l’amalgame délétère entre fanatisme dogmatique et violence. Ce serait une des premières thérapeutiques sociales à même de désamorcer les cercles auto-entretenus d’humiliation ressentie et de vengeance souhaitée, quelles qu’en soient les sources (religieuses, alimentaires, racistes, etc.).

Spécifiquement pour le dogme religieux dont nous avons tous la présence en tête, même si j’essaie d’élargir le propos, il nous faut aussi débusquer le refoulé colonial encore bien vivace dans tous les esprits et suralimenté par la doxa médiatique.

Ainsi d’une parole présidentielle disqualifiant le plan banlieue en déboutonnant sa veste, « Quelque part ça n’aurait aucun sens que deux mâles blancs, ne vivant pas dans ces quartiers, [s’accordent sur une action en faveur des banlieues]… ça ne marche pas comme ça » est un discours doublement stigmatisant.

D’une part en faisant émerger dans l’imaginaire le contraire de la phrase : « deux femelles noires qui habitent dans ces quartiers » seraient donc les seules légitimes pour en parler. Ensuite en démontrant dans la composition de son gouvernement que même là « ça ne peut pas marcher » vu le très petit nombre de ministres issus de la diversité et, pour le premier gouvernement, ne figurent au premier rang que ces fameux « mâles blancs » ! Image dont le sexisme a été un peu corrigé pour les gouvernements Philippe 2 et Philippe 3, mais pas l’absence des diversités.

Or, ces images sont censées représenter la Nation dans ce qu’elle a de plus symbolique : ses chefs auxquels, pour que l’institution fonctionne, toujours selon Pierre Legendre, il faut croire. Au bout du compte, le plan banlieue est dans l’impasse.

Quelles humiliations de telles affirmations peuvent engendrer ! Quels sentiments d’impuissance ainsi créés peuvent renvoyer les aspirations des jeunes vers d’autres pensées dogmatiques !

« Les dieux ont toujours soif, n’en ont jamais assez

Et c’est la mort, la mort

Toujours recommencée »

On l’a dit, le mélange de transcendance et d’immanence est détonnant. La question se pose alors de savoir quelles transcendances s’offrent aujourd’hui à nos contemporains ? En quel idéal pourrions-nous croire au XXI° siècle sans sombrer dans le dogmatisme ? Quels espaces spirituels disponibles peuvent-ils être investis avec enthousiasme, mais sereinement ?

En réfléchissant à cette question, je me suis vu très vieux ! En effet, on s’apprête à commémorer le centenaire de la fin de la première guerre mondiale. Et ce siècle s’est séparé en deux autour de 68 : Alors que la jeunesse brisait les carcans d’une société engoncée et moralisatrice, il n’y avait que 50 ans  que la première guerre s’était achevée et quelles 50 années ! J’en ai été l’héritier, adolescent en 68 : des idéaux, des héros, des anti-héros, des  –ismes, tant de domaines où l’engagement quasi métaphysique avait pu se concrétiser politiquement avec la perspective de changer la société et la vie, espaces d’affrontement entre les bons et les mauvais et des histoires à raconter, des récits épiques : le communisme, l’anarchisme, le nazisme et autres fascismes, les résistances, la libération, l’épuration, le colonialisme et ses guerres, jusqu’à cette explosion soixante huitarde et ses remous secondaires des années 70. Il y avait des luttes « contre » et des batailles de construction, de grands récits enthousiasmants. Des nuits passées à refaire le monde à coup de Gauloises bleues.

Mais que s’est-il passé ces 50 dernières années ? Le communisme s’est effondré, les décolonisations ont été quelque peu décevantes, et, paralysés par le « No alternative » libéral thatchérien, les combats sociétaux se sont recentrés sur la lutte contre le racisme puis l’homophobie, tous quand même un peu teintés de particularisme. Quel discours était capable de galvaniser les foules, de mobiliser autour de véritables choix de société ? La construction européenne, pourtant formidable projet de ces 50 années a été tellement bureaucratisée qu’elle s’est rendue invisible voire perçue comme nuisible, cf. le brexit.

Plus de grand récit fédérateur entre « pours » et « contres ». Bien sûr, depuis l’OAS jusqu’aux détournements d’avions, en passant par Action Directe, la Bande à Baader, les Brigades Rouges, cette période n’a pas été dénuée d’actions violentes, mais il existait des boussoles qui permettaient de s’orienter et de leur donner un sens.

L’effritement de ces repères associé à un repli de consommateur individuel face à son écran ont engendré un état collectif d’anomie[6], qui ont permis l’émergence de cet émiettement de mouvements particularistes, les anti-spécismes, les alternatifs, les anti-vaccins, etc. Ironisés par Iegor Gran dans son livre « ONG ![7] » qui raconte comment deux mouvements : la Foulée Verte et Enfance et Vaccins cohabitant sous le même toit finissent par une guerre totale. Dans ce cadre, l’Islam, peut-être à son corps défendant, offre, en particulier aux adolescents, un support d’engagement rebelle contre la normativité. Pratiques, vêtements, interjections forment un corpus identitaire qui attire, stimule, forme engagement, rempart contre le mal-être engendré par ce vide. Faire le Ramadan sans être musulman, ponctuer ses phrases de « Wallah » ou « sur la Mecque » marquent une appartenance présumée rebelle contre l’ordre établi source d’humiliation (et de malaise lors du passage si douloureux de l’adolescence).

Du coup, avant de parler de violence radicale, les questions précédentes peuvent être formulées différemment : Ne s’agit-il pas plutôt de réconcilier la modernité avec une certaine forme de vie psychique, pas forcément religieuse, en identifiant des modes de spiritualité 3.0 potentiellement efficients pour gérer les angoisses existentielles propres à l’être humain, sans pour autant le robotiser comme veut le faire le transhumanisme ou l’anesthésier comme le font les réseaux sociaux ?

Vaste question, alors même qu’Internet est mis à profit pour apporter des outils thérapeutiques en santé mentale (dont la pertinence en usage solitaire est très contestée), qu’est-ce que le clavier peut éventuellement apporter comme aspiration existentielle ?

La transcendance virtuelle peut elle aussi prendre des formes dogmatiques qu’il est difficile de contrôler, s’insérant dans les moindres espaces de notre vie intime immanente. Plus aucun secteur de la vie quotidienne n’est protégé de l’invasion du numérique commercialisé. Jusqu’à la fourchette ou la brosse à cheveux connectées. En elle-même la question numérique s’affiche comme un envahissant dogmatisme prôné par les fameux GAFAM à la limite ( ?) du fanatisme. A les entendre, hors du numérique point de salut, et ce en toute transparence organisée. Je trouve que le dessin du confessionnal transformé en haut-parleur part la lettre F de Facebook va bien au-delà de la seule critique du dévoilement : il met en scène les nouvelles liturgies que le numérique nous propose ou plutôt nous impose.

A l’égard du transcendant, Internet favorise toutes les formes de rassemblements, de regroupements entre personnes partageant les mêmes visions. On sait qu’il n’y a pas d’entre soi plus fermés que sur le web et les réseaux sociaux. Lorsque la réalité concrète oblige à des croisements pas forcément souhaités ni agréables, mais qui structurent la tolérance, les algorithmes de la virtualité permettent de soigneusement les éviter. Devant ces multiples bulles autoentretenues de pensées uniques dogmatiques, pouvant facilement déboucher sur des fanatismes, il conviendrait donc de revisiter les pensées des Lumières à l’heure des baronnies, comtés et duchés numériques.

En amont du transhumanisme, la foi scientiste dans le progrès inéluctable et toujours positif est aussi une forme de fanatisme dogmatique à l’œuvre depuis deux siècles, comme le démontre ce discours de la Banque Publique d’Investissement, chargée en France de faire émerger et de soutenir les innovations numériques :

« […], Verb Surgical est […] dévolue à « la construction d’une plate-forme de chirurgie numérique qui combine la robotique, la visualisation avancée, l’instrumentation, l’analyse de données et la connectivité ».

A cela s’ajoute Calico, dévolue à lutter contre le vieillissement des cellules et, depuis 2017, Cityblock, un dispositif numérique et humain d’aide sanitaire et sociale, personnalisé et destiné aux bas-revenus des quartiers défavorisés. »

« En combinant génomique, big data, et la puissance de superordinateurs et d’algorithmes d’IA, l’objectif avoué d’Alphabet (ex-Google) est de briser le ‘code’ de la génomique humaine pour faire passer notre système de santé d’un modèle curatif à un modèle prédictif » […]

1984 d’Orwell n’est pas loin

« La Consult Station abrite de multiples instruments de mesure (tensiomètre, oxymètre, électrocardiogramme, otoscope, stéthoscope…) permettant la prise en charge complète d’un patient à distance […] Un docteur peut alors intervenir à tout moment, en voyant ce que voit l’infirmier pour assurer sa consultation. Et il pourra même apparaître lui-même, en hologrammes, faisant dire à l’entreprise que « les médecins pourront bientôt se ‘holoporter’ chez leurs patients »[8].

Pourtant, au bout du bout, le support informatique reste encore du matériel qui manque singulièrement de magie, de mystère, de chimie. Les propos précédents montrent bien la déshumanisation à l’œuvre, la neutralisation sensorielle de toute souffrance naguère encore simplement humaine[9].

Pour les angoissés de l’existence que nous sommes, pauvres humains, la science est en effet décevante dans son doute permanent et son refus de l’inexplicable. Pourquoi moi, pourquoi aujourd’hui, pourquoi de cette façon ? L’humain pose toujours des questions agaçantes et, depuis la nuit des temps, tente d’y apporter des réponses. Mais pas la science, du moins depuis qu’elle s’est temporairement débarrassée de son fanatisme dogmatique : le scientisme des XIX° et début du XX° siècles qui peut toujours ré émerger.

Dans certains domaines comme l’astrophysique ou la physique quantique, les notions deviennent tellement contre intuitives qu’on peut les penser comme magiques. De fait, les dogmatismes de tout poil ne se privent pas de convoquer ces dimensions « quantiques » ou de « trous noirs » pour « démontrer » la pertinence de leur analyse transcendantale. Ils sont si nombreux sur le web qu’on ne peut s’empêcher de penser à une nouvelle forme de spiritualité paranoïde (ce que la science nous cache…), quasiment dans une posture de schisme à l’égard du discours « normalisé ».

Comment, dans notre civilisation de l’émotion, parvenir à donner encore envie aux foules de se galvaniser, tout en les protégeant des fanatismes dogmatiques dangereux ?

Est-ce que la frénésie des coupes du Monde de football, des passages de tours de France, etc. représentent de véritables spiritualités comme on l’a entendu cet été ? Ces communions semblent en réalité plus relever d’une appartenance hystérisée que d’un accès au transcendant qui répondrait au besoin de magique et de mystérieux. Et surtout incapable d’apporter une réponse satisfaisante au « mystère d’être là » e Pierre Legendre. Ne serait-ce que celle, fataliste, d’Albert Camus : « il faut imaginer Sisyphe heureux[10] ».

Si cette quête de réponse était laissée vaine, ou bien à la liberté d’écrire tout et n’importe quoi sur le net sans former les individus à l’esprit critique voltairien, il faut savoir que la Nature a toujours horreur du vide, et,  entre les fanatismes dogmatiques religieux et ceux du monde 3.0, je ne sais lesquelles sont les plus violents, voire les plus périlleux à long terme pour nos sociétés humaines.

[1] A ce propos, lire l’excellent échange entre Jean François Toussaint et Bernard Stiegler : https://usbeketrica.com/article/le-transhumanisme-face-aux-murs

[2] Pierre Legendre : Leçons X, Dogma. Instituer l’animal humain. Fayard 2017

[3] Mission Interministérielle de Vigilance et Lutte contre les Dérives Sectaires

[4] Farhad Khosrokhavar, entretien avec Ivan Sand. Diploweb.com https://www.diploweb.com/Quels-sont-les-ressorts-sociologiques-anthropologiques-politiques-et-urbains-du-jihad-dans-les-pays.html à propos de son livre : Le nouveau Jihad en Occident, Robert Laffont 2018.

[5] Evelyne Josse, Comment en arrive-t-on à commettre un acte terroriste ? Les processus psychologiques et psychosociaux à l’œuvre, Psychothérapies 2018 ; 38 (1) : 39-46

[6] Soulignée par de nombreux auteurs : Khosrokhavar, Raphaël Glucksman : les enfants du vide, de l’impasse individualiste au réveil citoyen Allary Editions 2018, ou encore le romancier David Lopez dans son roman : Fief paru en 2017 au Seuil

[7] POL 2003

[8] Hub de BPI France https://m.usbeketrica.com/article/a-quoi-ressemblera-la-medecine-3-0
https://blog.lehub.bpifrance.fr/a-quoi-ressemblera-la-medecine-3-0/

[9] TESSIER S. Re-percevoir le sens de l’action, petite promenade sensorielle avec Albert Camus
Revue du CREAI PACA Corse, Numéro spécial « Autour de la question du sens » novembre 2009

[10] Albert Camus, le mythe de Sisyphe Gallimard 1942

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