5 janvier 2018 : Une très belle exposition itinérante d’ACHAC

L’association  ACHAC qui mène depuis de nombreuses années un très intéressant travail de recherche sur les questions coloniales propose une nouvelle exposition itinérante très didactique sur l’histoire coloniale française et surtout sur les traces encore très présentes dans l’imaginaire collectif français.

On le sait, ces traces largement refoulées engendrent des réactions incontrôlées lorsque l’urgence ou l’angoisse font lâcher le surmoi…
Et certains politiques ne se privent pas d’en user et d’en abuser, profitant du fait que (trait psychique unanimement partagé par toute l’humanité) les stéréotypies puisent dans le réel tout ce qui peut les conforter, et ignorent superbement ce qui pourrait les contredire.

© Stéphane Tessier

Les graphistes savent bien aussi en user lorsqu’ils veulent transmettre un message, comme le démontre cette affiche photographiée en 2007 à la station de métro huppée et touristique Bir Hakeim qui dessert la Tour Eiffel.
L’association d’idée convoquée par l’auteur de cette affiche qui met en scène une femme en boubou éclaire bien l’existence de ce refoulé colonial dans l’imaginaire collectif. L’interprétation de ce message est totalement inconsciente et réflexe. Le pire est que, ce faisant, le graphiste réactive le stéréotype en lui donnant une confirmation, de façon parfaitement ignorée, dans l’imaginaire du passant distrait qui ne se donne pas le temps de l’analyse.
Inutile de chercher plus loin les raisons de la réponse négative de ce passant aux questions qui lui seront posées lors du prochain sondage sur l’immigration, alors que la diversité de ce quartier est très touristique… Économiquement rentable et sociologiquement nullement menaçante.

Certains pays n’hésitent pas à construire dès l’enfance ces stéréotypes, comme le musée de Belo Horizonte nous en donne l’exemple (jeu encore proposé en 2018).

Et cette exposition traque aussi les traces encore présentes dans notre univers imaginaire de ce premier quart de XXIème siècle, plus d’un demi siècle après les indépendances, soulignant les blocages qui font qu’aucun musée français ne traite directement de cette épopée coloniale et de ses exactions. Or nous subissons au quotidien les conséquences politiques et institutionnelles de ce point aveugle, reléguant l’Autre à l’exotisme collectionneur des musées Branly ou Guimet, ou à l’exil de la Cité de l’immigration.

Bref une exposition à consulter en ligne mais aussi à faire circuler largement!

© Bibliothèque Forney/La parisienne de photographie

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