24/01/2012 Stéphane Tessier lit L. Germain et D. Lassalle (dir) : Les relations interethniques dans l’aire anglophone : entre collaboration(s) et rejet(s)

Stéphane Tessier : Lucienne Germain et Didier Lassalle (dir) : Les relations interethniques dans l’aire anglophone : entre collaboration(s) et rejet(s), L’harmattan 2009

Cet ouvrage a le mérite de poser en français les termes d’un débat récurrent outre atlantique et outre manche sur le fameux « multiculturalisme qui serait un échec ».

Le fait est que les modalités de définition identitaire en milieu anglo-saxon diffèrent profondément de celles à l’oeuvre en milieu latin, singulièrement sur le vieux continent, tant l’Amérique Latine subit-elle les influences du grand frère. Au travers de chapitres très étonnants comme « Le Multiracial Movement ou les mélis-mélos de la notion de ‘race’ aux États-Unis » on perçoit la profonde évolutivité du concept en ayant recours à des termes et des arguments racialistes qui surprendront plus d’un français. L’auteur, Olivier de Medeiros semble appeler de ses vœux, avec le président Obama, l’abandon du concept de race au profit de celui de couleurs.

Ce débat mérite d’être abordé en France car la notion de « one drop rule » qui désigne toute ascendance noire comme indélébile quelque soit le nombre de génération, la race blanche étant définie comme indemne de cette goutte de sang, donc pure, rejoint certains présupposés politiques…

Plus exotique, ce texte décrivant la vague d’antisémitisme qui secoua la Grande Bretagne lors de la guerre des Boers du début du XX° siècle en trouvant le parfait bouc émissaire, donne une bonne image de cette classification humaine à l’oeuvre dans ces sociétés qui se retrouve dans une autre contribution décrivant les débats autour de l’instauration de la carte d’identité en Grande Bretagne, des items qui la composent et rentrent dans le fichier national d’identification. Certes, pour un français habitué à montrer ses papiers en permanence, ce débat semble un peu obsolète mais il reprend cruellement de l’actualité lorsqu’il s’agit de mentionner dans le fichier l’origine ethnique alors que le public visé au départ sont les « étrangers à risque ».

Un autre texte pose la question de la ségrégation par l’argent des populations qui s’installent dans les « gated communities », espaces de résidence protégés où la circulation des « autres » non résidents est sévèrement contrôlée, en y voyant une menace pour la cohésion sociale que personne ne dénonce. De tels espaces pullulent en France !

Elian Djaoui décrit le processus psychopathologique qui peut être mobilisé par l’exil et ses conséquences sur le processus identitaire, qui traverse les frontières.

Au travers de deux contributions se tracent les contours de la place du musulman dans les sociétés britannique et américaine et des enjeux de partager cette confession depuis le 11 septembre 2001.

Le placement d’enfants indiens aux États-Unis dans les familles d’accueil systématiquement non-indiennes a été interrompu dans les années 70 pour donner une place décisionnelle aux tribus, non sans poser un certain nombre de problèmes aux confins du culturalisme et du racisme.

Enfin, l’histoire des Îles Fidji, fruit de la politique ségrégationniste britannique montre comment deux communautés peuvent s’affronter, en l’occurrence les indigènes autochtones et les indiens immigrés, partageant toutr à tour la majorité démographique sans jamais partager le pouvoir politique, même si, lueur d’espoir, le dialogue interculturel semble animer la jeunesse d’aujourd’hui.

Au total une lecture très rafraîchissante par le décalage du contexte anglo-saxon qui fait toucher du doigt nos propres spécificités, pas forcément toujours péjoratives!

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