Samedi 3 décembre 2011 : Cultures sauvages, préhistoriques et post moderne: l’altérité condescendante

Depuis l’invention de la préhistoire, les chercheurs se sont fondés sur les pratiques des actuels chasseurs cueilleurs pour en déduire celles de nos ancêtres hominidés. Ce faisant, ils reproduisent, voire légitiment, le paradigme d’une humanité hiérarchisée au sommet de laquelle trône l’époque qui leur est contemporaine et l’espace référentiel qui est le leur. Ayant eu à côtoyer des populations de ce type, Karamajongs en Ouganda, mais surtout les San (Bushmen) du Botswana dont les peintures ornent la colline la plus haute du pays, cette question a toujours été présente. Marylène Patou-Mathis, préhistorienne, a publié un ouvrage en janvier consacré à cette question : « Le sauvage et le préhistorique, miroir de l’homme occidental, de la malédiction de Cham à l’identité nationale. » Décrivant par le menu la structuration de la pensée des XIX° et XX° siècles sur la préhistoire, elle démonte le mécanisme intellectuel colonial qui, n’ayant pas été encore collectivement travaillé, au sens psychanalytique du terme, reste à l’oeuvre dans les inconscients, comme on peut le constater au travers des saillies de certains politiques sur les origines supposées de leurs adversaires.

Comme toujours, REGARDS va tenter de dévoiler certains aspects enfouis de la pensée moderne, afin de tenter de contribuer à mieux comprendre la façon d’être ensemble sur la planète, mais, devant l’ampleur du débat,  deux samedis ont été consacrés à ce thème.

Marylène Patou-Mathis est venue parler de son ouvrage et inscrire sa réflexion de préhistorienne et cohabitante des Sans (Une mort annoncée, à la rencontre des Bushmen derniers chasseurs cueilleurs du Kala Hari, publié en 2007 chez Perrin) au sein des démarches de REGARDS sur l’altérité comme projection d’un certain regard occidental.

 

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